Comment habitons-nous le monde local ? Avons-nous toujours conscience de
la richesse des quartiers que nous habitons et des histoires qu’ils abritent ? En ce mois d’août,
le Centre Tour à Plomb de Bruxelles nous plonge au cœur de ces histoires avec l’exposition collective Local Fictions qui réunit neuf jeunes artistes lauréats de l’Académie Royale des Beaux-arts de Bruxelles. Une rencontre entre habitant.e.s et art contemporain. Différentes réalités pour de nouvelles fictions.
Ateliers, rencontres, promenades : sortir de sa tour d’ivoire
Aller y voir de plus près. Ecouter les histoires, déambuler en bonne compagnie, creuser des histoires sous les pavés, écrire de la poésie, imaginer sa réalité virtuelle… La plupart des artistes de Local Fictions ont joué le jeu de la co-création, utilisant la photographie, le dessin, la vidéo, le son et le texte.
" J’ai l’impression d’être une star avec ce flash "
L’exposition débute par un grand classique : tirer le portrait des habitant.e.s. Michèle Bellanger les met littéralement en lumière, utilisant le flash en plein jour. La rue devient un studio extérieur : les gens du quartier prennent la pause tels des modèles. Les grands formats en extérieur sont une bonne porte d’entrée pour s’immiscer dans le territoire populaire du Jardin aux Fleurs dont la Tour à Plomb – centre sportif, culturel et d’apprentissage – est un lieu central.
Poésie en Français Langue Etrangère
La poétesse Anna Mollière et la graphiste Ségolène Bellon forment le Collectif Confuse.s. L’une travaille les mots, l’autre les images. Sur le thème du souvenir de vacances d’été – "ce qui permet de se transporter ailleurs" – des apprenant.e.s du cours de Français Langue Etrangère ont écrit de courts poèmes. Des sensations, des lieux, des souvenirs comme des haïkus aux titres évocateurs "Le creux et les vagues" ou encore "Je suis une île." Un travail élégant dans sa sincérité.
On dirait que…
Pierre Alexis, auteur illustrateur, s’est souvenu des jeux de "faire-semblant" de ses enfants pour réaliser un travail de dessin collectif avec des 6-12 ans.
Le "faire-semblant" c’est l’enfant qui utilise une chaussure pour en faire un vaisseau spatial et faire décoller son imaginaire. L’artiste a sélectionné des objets usuels, donné quelques consignes… Et place aux histoires.
L’univers du sommeil
Focalisée sur les petits récits, le langage ordinaire et l’influence du numérique sur…
le langage, Camille Lemille travaille avec le contexte qui l’entoure. Local Fictions était une évidence. Cette fois, l’artiste s’est intéressée à nos rythmes de vie et notre rapport à l’éveil et au sommeil. Pour réaliser l’installation Que pourra-t-il bien faire des dix minutes qu’il a gagnées aujourd’hui ? elle a interrogé le personnel de la Tour à Plomb : des agents, qui travaillent en horaires décalés, des technicien·ne·s de surface, un régisseur, un coordinateur. Camille Lemille met en lumière la diversité de réalités au travail.
Le nez en l’air
Lila Poimboeuf Mahieu a fait un master d’Art dans l’espace public à l’Académie
Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Elle s’emploie, dans sa pratique pluridisciplinaire, à rendre une singularité à des objets ou des constructions "qu’on ne regarde plus, par habitude et lassitude."
"Ici, la dalle de pierre bleue taillée grossièrement qui compose les trottoirs bruxellois est ma cible", explique-t-elle. Lila est française (comme la majorité des artistes présents d’ailleurs, ce qui montre les attraits de nos écoles…), chez nous on appelle ça des pavés. Délogés, remplacés ils sont la matière "des ouvriers en jaune fluo" qu’elle filme et interroge. Le dialogue avec les travailleurs ne manque pas d’humour, l’intention de l’artiste ne semble pas très claire… Installation, sculpture, video et impressions montrent l’imperfection et le traitement des rebuts de la ville qui sont à cacher.
La carte et le territoire
L’artiste brésilienne Marina Amaral, qui est aussi architecte-urbaniste, s’intéresse aux frontières et au sentiment d’appartenance à un territoire.
Un espace devient un lieu par la vie qui s’y déroule
Marina Amaral organise des "dérives", des promenades avec les habitant.e.s du quartier auxquel.le.s elle propose une batterie de questions. Le résultat est un relais concret des subjectivités de l’appartenance à son quartier. Des histoires, des expériences que la plasticienne juxtapose à la réalité technocratique de la cartographie traditionnelle en 2D.
Marie Dubus qui envisage la ville comme un être vivant monstrueux en a exploré les entrailles dans les égouts et Noémie Le Meur, créatrice textile qui travaille avec des fibres végétales de nos régions, présente une pièce entièrement en lin.
En pratique :
Local Fictions
07.07.2022 - 27.08.2022
Centre Tour à Plomb – 1000 Bruxelles
Lundi > Samedi • 10:00 - 21:00 - gratuit